Une histoire1 raconte qu’un jour de 1946, un homme de 18 ans2 croise Winston Churchill dans la rue et lui crie depuis son bout de trottoir : “Monsieur Churchill, à quoi attribuez-vous votre succès dans la vie ?!”
La réponse3 de Churchill :
“À la conservation d’énergie.
Ne reste jamais debout si tu peux être assis.s.e,
ne sois jamais assis si tu peux être allongé.e.”
Avec sa réponse, Winston m’a rappelé que la vie est une conversation perpétuelle avec tout à toutes les échelles ; entre moi et mon corps, mon corps et l’espace qu’il occupe, moi et les autres4 et puis l’espace qu’iels occupent. Que toutes ses conversations demandent des échanges d’énergie et que pour tenir, voire fleurir dans la vie, je dois penser à gérer mes stocks d’énergie.
Fermer les robinets
Parce que si, sur le papier, ça a l’air sympa de pouvoir être en conversation avec tout à toutes les échelles, ça peut vite tourner à l’épuisement de donner de l’énergie à tout ce qui nous sollicite. Alors il faut apprendre à faire comme Winston, à conserver son énergie, à fermer les robinets.
Fermer les robinets d’énergie c’est une activité que j’ai commencé à faire le jour où je me suis rendue compte que la capacité à s’émerveiller de la vie n’était pas un gêne dont on hérite mais un muscle. Or un muscle, ça se travaille et ça se sculpte, ou ça s’ignore et ça s’atrophie. Mon muscle de l’émerveillement est resté chétif pendant trois décennies et je dépensais beaucoup d’énergie à solliciter mon muscle du verre à moitié vide sur lequel j’ai toujours pu compter. Le jour où j’ai compris que je pouvais devenir le verre à moitié plein, en tout cas travailler ce muscle, mais que pour cela il allait falloir que je redirige mon énergie vers ça et pas vers mon super muscle du verre à moitié vide, j’ai compris qu’il fallait que je ferme le robinet.
Apprendre en observant
Depuis toujours j’apprends comment être au monde en lisant : les comportements, les histoires, ce qui m’entoure. Et je me suis rendue compte que j’aimais vraiment vachement mieux les gens qui riaient sans vergogne, qui s’enjaillaient de la vie, et à qui il arrivait toujours des choses incroyables que moi, que je trouvais fort rabat-joie. À force de les observer je me suis rendue compte qu’il arrivait aussi plein de merde, d’imprévu, d’injustice à ces licornes là, mais que ça n’était pas ça qu’iels choisissaient de retenir, de raconter, de garder près de leur coeur.
J’observe pour comprendre et quand j’aime ce que j’observe, je pique et j’essaye d’appliquer. Alors j’ai piqué la routine des joyeux.se.s.
Faire des mises à jour régulières de mon mOS5 c’est ce qui m’a permis de comprendre qu'il fallait que je ferme des robinets d'énergie et qu'il allait falloir que je renonce à mes doudous-les-drames si je voulais vivre sans peser trois mille tonnes.
Fermer les robinets d’énergie c’est arrêter de ressasser les choses qui obsèdent, qu’on aurait aimé faire autrement, qu’on aurait voulu dire différemment, mais aussi les injustices qu’on estime avoir subi. C’est hyper dur d’arrêter de ressasser parce que ça veut dire lâcher prise sur ce truc qui va peut-être disparaître, qu’on va finir par oublier alors que c’était grave et injuste.
Fermer les robinets c’est parfois arrêter des relations avec des membres de notre famille de coeur ou de sang, avec des personnes que l’on a aimé mais avec qui rester en conversation devient energivore et nous détruit.
Fermer les robinets c’est aussi arrêter des projets dans lesquels on a cru, on a investi son temps, son argent, son être et qui n’ont pas su nous le rendre ou qui ont fait leur temps.
Car le temps, toujours.
Fermer les robinets ça veut aussi dire conserver son énergie pour la dépenser sur autre chose, c’est libérer de l’espace en soi pour penser à autre chose, c’est apprendre à faire le deuil de tout ce qu’on peut percevoir comme des échecs pour passer à autre chose.
Pour dépenser son temps à vivre ce qu’on doit vivre plutôt que de tourner en boucle sur ce qu’on aurait aimé vivre, ce qu’on avait prévu de vivre, ce qu’on avait prédit qu'on allait vivre. J’appelle ça6 :
Lâcher la grappe aux dominos
Si je vous raconte tout ça ça n’est pas parce que je flotte au dessus du Mont Sagesse les yeux mi-clos et la barbichette volante mais bien parce que j’ai perdu a shit load of énergie ces derniers mois à vouloir absolument que la vie se passe comme je l’avais imaginée vu que j’avais tout bien fait comme il fallait, que j’avais travaillé dur, et que donc si je pousse ce domino il va faire tomber ce domino, qui va faire tomber ce domino, qui va m’amener là où je pense que je devrais être à vivre ce que je dois vivre, non ?
Non.
J’ai beau savoir que la vie n’est pas une série de dominos sagement alignés qui tomberaient sans accroc suivant mes désirs, quand ça ne se passe pas comme prévu et que j’ai l’impression que je suis en train de perdre quelque chose, j’ouvre grand mes robinets d’énergies que je dédie à m’appesantir sur ce qui aurait pu et dû être.
Et oui, c’est ok de rager, de s’apitoyer, d’être triste, c’est inévitable et c’est là qu’on apprend le plus vite. Mais apprendre à fermer son robinet quand on en a donné assez, à lâcher prise avec les dominos qui désobéissent, à apprécier les nouveaux dessins qui se forment à la place, c’est un art qui donne bon goût au maintenant. Et maintenant c’est maintenant.
Comprendre l’importance de donner une direction à son énergie a été une leçon massive qui m’a aidée à améliorer la qualité de ma vie de 63%7. Et je passe maintenant ma vie à la réapprendre et à améliorer ma marge de progression de 1%. Isnt' it fun ? Well, yes, it is fun.
Et maintenant, si vous le voulez bien, tel Winston mais en hoodie wwf rouge et en converses violettes, je m’en vais m’allonger et faire des câlins à mon énergie. À ce rythme là, je serai bientôt Première Ministre du gouvernement d’après et je passerai le Revenu Universel8.
Pousse un domino
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AGENDA :
Les choses s’ajoutent, s’enlèvent, se créent. Je vous fais ici un résumé de ce qui se passe en termes d’ateliers et autres dans les mois qui viennent :
Disponible immédiatement :
l’Atelier Carnet d’Idées : pour apprendre à collecter et connecter ses idées et ses curiosités sur le temps long
l’Étirement Théorique : pour démarrer une nouvelle conversation avec votre créativité
Dans un avenir proche :
Le 22 Mai, de 11h à 12h je parlerai avec Sidonie Demonchaux de créativité, et de Carnet d’Idées. Il y aura un exercice pratique sur la collecte d’informations sur une semaine. L’inscription est gratuite et se fait ici.
Le 28 Mai de 16h à 17h30 je lance l’atelier Tracker et Index : pour apprendre à archiver son quotidien et cataloguer ses lectures. Il faut battre le faire tant qu’il est chaud et à force d’avoir des questions sur le tracker et l’index, je me suis dis que j’allais le faire.
Du 2 au 26 Juillet aura lieu la dernière session de Accountable, le programme pour écrire un scénario de court-métrage en 24 jours. Après 5 ans de loyaux services et 150 histoires, j’ai décidé de fermer ce robinet. Les inscriptions ouvriront en juin.
Dans un avenir plus lointain :
L’atelier Pratique d’Étirement reviendra en Novembre en collectif joyeux. Il y aura des nouveaux exercices et encore une fois la possibilité d’échanger et de partager sur le Discord avec les autres participant.e.s
Vous avez été plusieurs à me demander si l’atelier FAIRE allait revenir, la réponse est “J’y songe, certainement, affaire à suivre".
Vous en savez autant que moi sur tous les robinets de mon travail. Est-ce que les choses vont évoluer ? Certainement, mais on se parle.
À vite,
Nathalie
J’ai lu cette histoire dans un essai qui s’appelle Stillness is the Key de Ryan Holiday, que je ne vous recommande pas. Mais du même auteur je vous recommande Perennial Seller, The Obstacle is the Way et Ego is the Enemy. Je précise que j’ai lu ces livres à leur sortie, qu’ils ont entre 9 et 6 ans et que je suis sûre à 90% qu’on est encore sur de l’écriture pré #metoo, c’est à dire quand toutes les histoires c’était des hommes blancs qui font des trucs, et Rosa Parks. Holiday est l’auteur américain qui a remis le stoïcisme au goût des entrepreneurs. Donc si Marcus Aurelius Antoninus et Socrate vous triggeurent, ne lisez pas. Je fais de l’humour pour dire : it is not déconstruit mais dans mon souvenir it is not problématique. Mais aussi : peut-être j’ai tort et je ne me souviens pas que c’est super problématique car moi-même je me déconstruits en allant. Je rajoute que Holiday améliore sa plume et son inclusion avec les années. Et pour conclure, ai-je pris assez de précautions ? L’ellestoire nous le dira.
Comme beaucoup de femmes citées dans des articles, cet homme avait un nom, et comme je ne suis pas journaliste, je fais le travail de vous le révéler : il s’appelait Paul Johnson.
Winston était inclusif, oui.
Et par les autres j’entends les sapiens comme le vent, les crottes de chien, les objets roulants à toute vitesse, les grues tournoyantes, les pigeons roucouchieurs, le soleil quand il montre ses rayons, toujours plus de sapiens . Vous avez compris : tout veut dire tout.
my Operating System.
On pourrait penser que j’ai fais des études dans la pub à filer des noms à tout. Nenni. Et que, même. Mais j’ai observé et conclu que donner des noms permet de donner vie à des idées puis de les garder en mémoire plus facilement afin de les mettre en place concrètement. Et peut-être que dans 250 ans on dira que je faisais de la philo car après tout Marcus Aurelius Antoninus, que l’on considère philosophe, était en réalité un empereur qui écrivait dans son journal intime des pensées sur le sens de la vie et de sa vie, qui servent au collectif et qu’on trouve intelligentes mais il n’avait pas de Master de Philo, il n’avait pas fait Normal Sup, donc si lui oui pourquoi pas nous et nos pensées intelligentes ? Et en même temps, n’oublions pas que le mari de Sylvie Topaloff porte le titre de philosophe (et de polémiste, car apparemment foutre la merde c’est un métier, ils sont forts quand même quand il s’agit de se faire payer), donc qui a encore envie qu’on l’appelle philosophe après cette dégringolade intellectuelle ? Plutôt bosser dans le branding, wesh.
Chiffre aléatoire pour dire beaucoup mais comme je suis française je ne pars pas dans la dithyrambe de mettre 89% par exemple.
Aucune idée si une première ministre peut faire ça et peu d’énergie à consacrer à ce savoir présentement et le jour où j’en aurai besoin pour avancer dans ma vie, je me tournerai vers le Grand Internet.