Avec beaucoup de Cœur

un tiers de queue et une demi tête

¹Cela fait quelques semaines que j’écris cette newsletter dans ma tête et j’essaye d’accepter que je ne pourrais pas vous dire tout ce que j’ai sur le cœur parce que pour ça il faudrait que vous écrive un livre, et un livre c’est trop pour aujourd’hui.

Alors je vais énumérer les bribes mentales qui débordent de ma tête et je vais vous laisser décider si vous avez envie d’ouvrir certaines portes et d’aller plus loin. J’espère que vous aimez les sauts de puce parce que c’est ce qu’on va faire, des sauts de puce. Et sinon à la fin je vous partage quand même les liens relatifs au dernier Cordialement Best Regards donc si vous êtes dans une relation exclusive avec cette information, vous pouvez prendre l’ascenseur et descendre tout en bas.

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Les Muses nous arrosent de leur urgence

Un constat s’est imposé à moi : en ce moment les muses de l’Amour sont en train de voler très très bas pour nous arroser de leur urgence. Je prends les muses très sérieusement quand elles me parlent même si je sais qu’elles ne me parlent pas qu’à moi et elles parlent à qui veut bien les entendre² car elles ont un agenda. Et leur agenda en ce moment c’est de déconstruire l’Amour. Et comme je prends les muses très sérieusement, je vais obéir et vous parler de déconstruire l’Amour.

Partout où je prête l’oreille en ce moment j’entends les cœurs des autres qui tambourinent, je ressens leur envie pressante qu’ils battent plus vite et plus fort pour re-sentir, pour flirter à nouveau avec l’ivresse et la limite, pour se sentir vivant.e.

On a la rage d’aimer un peu en ce moment, d’aimer plus grand pour rééquilibrer tout ça.

Au cas où vous n’avez pas encore eu le mémo, on est en pleine mise-à-jour de l’iOs Terrestre car il semblerait que -surprise- on se soit aussi un peu égaré sur notre façon de gérer notre cœur. Il semblerait qu’on ait pris le truc le plus puissant du monde (l’infinité des possibles pour connecter avec l’Autre et le Vivant) et qu’on l’ait réduit à un mot: l’Amour. En français on aime d’amour son conjoint.e, sa famille et ses ami.e.s. C’est le même mot pour tout le monde et démerdez-vous avec ça. Dans la Grèce Antique iels avaient HUIT MOTS³ pour parler d’Amour. Et même là, ce n’était que pour parler d’amour entre humains. Naze.

Créer un monde magique

En 1967, Valérie Solanas écrivait dans son Scum Manifesto :

En fait, la fonction de la femme est d’explorer, découvrir, inventer, résoudre des problèmes, dire des joyeusetés, faire de la musique - le tout, avec amour. En d’autres termes, de créer un monde magique.

Remplacez “la fonction de la femme est” par “le seul but de la vie qui ait du sens c’est” et vous aurez ma vision de la vie. Pourquoi on n’est pas toustes en train de tendre vers ça ? Pourquoi on n’est pas toustes en train de kiffer notre race à créer un monde magique ?⁴

Je vois pas très bien ce qu’on a à faire sur Terre

Dans le dernier épisode de La Poudre, Lauren Bastide demande à la journaliste Victoire Tuaillon : “Pourquoi toi, Victoire Tuaillon, tu as envie de sauver l’amour ?”. La réponse de Victoire (on ne se connaît pas mais bon c’est son prénom donc je la prénomme):

Parce que je ne vois pas très bien ce qu’on a à faire sur Terre si ce n’est aimer et apprendre à aimer. Et je ne parle pas d’amour romantique, je parle d’aimer la vie qu’on a, et les autres, et aimer la Planète, et aimer la Nature parce qu’on en fait partie. Pour moi ça a un sens spirituel profond de faire ça.

Oui, et merci à toi.

Les muses de l’Amour ont arrosés Victoire Tuaillon de leur urgence et elle les a entendues. Victoire Tuaillon déconstruit l’amour dans son nouveau podcast Le Coeur sur la Table. J’ai commencé avec l’interview de Chloé Madesta et je suis en train de remonter la rivière.

J’en profite pour vous dire d’écouter son interview que j’ai trouvé très puissante. J’ai même envie de vous inviter à commencer par ça.

Le Changement c’est pas à la carte ma pote

Comme beaucoup d’humain.e.s je veux voir la destruction du patriarcat sauf qu’il y a un truc que j’avais pas anticipé, c’est que le changement c’est pas à la carte. Tu ne peux pas vouloir changer le monde et décider que certaines choses ne changeront pas. Comme tout est connecté, même les trucs que tu aimes et veut préserver vont devoir changer aussi. Dans mon cas le domino dont je n’avais pas anticipé le cassage de gueule, celui pour lequel j’aurais bien utilisé la carte du double-standard : “Vous, vous changez, moi je vais rester comme ça.”, c’était celui de l’Amour. Tu veux péter la gueule au patriarcat ? Flash news, tu vas aussi devoir péter la gueule à l’Amour au Temps du Patriarcat et ça va être plus ou moins douloureux selon ton attachement à ta situation actuelle⁵.

Rétrospectivement je me dis que c’est évident que la vie n’est pas à la carte mais en même temps c’est un peu comme la mortalité, t’as beau savoir que tu peux mourir n’importe quand, tu vis ta vie comme si t’allais mourir paisiblement dans ton sommeil “à la fin” (circa 100 ans pour moi). Et ben là c’est pareil, t’as beau savoir que le changement c’est pas à la carte, tu crois que tu vas pouvoir faire un petit double-standard sur les trucs qui t’arrangent et en fait non. C’est pour ça que les gens résistent au changement.

Ce que j’essaye de dire c’est que pour changer le monde, faut changer l’Amour. Faut changer ce qu’on en pense, faut changer la valeur qu’on lui donne, faut changer les histoires qu’on raconte dessus.

L’Acte le plus subversif en 2021 c’est de raconter une histoire d’Amour⁶

On ne peut plus aimer comme on aimait avant puisque comme on “aimait” avant c’est ce qui a donné le monde dans lequel on vit.

Aujourd’hui j’ai l’impression qu’écrire une histoire d’amour qui raconte une autre façon de vivre l’amour c’est probablement l’acte le plus subversif possible. Si vous voulez contrecarer les histoires de dystopies, racontez des nouvelles histoires d’amour, on a toustes la dalle de possibles et d’espoir.

Je réalise aussi que le champ des histoires d’amour est inexploité et c’est probablement celui qui va être le plus dur à révolutionner. Parce que ce n’est pas qu’il n’y a pas déjà des dizaines de milliers d’histoires d’amour, mais c’est que c’est toujours la même chose.

Comment raconter une autre histoire que celle de la rencontre, du désir naissant et du dénouement heureux (ensemble) ou malheureux (pas ensemble) ?

Comment raconter les transformations internes, les nouvelles rencontres, l’évolution du sexe, les corps qui changent, les idées qui fleurissent, les concessions qui sculptent, la peau et le temps qui passe ?

Qui va créer le nouveau vocabulaire pour parler des possibilités infinies de connexions entre nous, les humanos, et avec le Vivant ?

Il y a trois semaines j’étais à Paris pour enregistrer une fiction audio que j’ai co-écris et co-réalisé avec ma co de beaucoup d’histoires⁷. Il y a un an et demi on a décidé d’écrire l’histoire d’amour d’un couple hétérosexuel qui transitionne de couple exclusif à couple libre. Notre histoire s’appelle “La Théorie et la Pratique” et écrire cette histoire a été une prise de conscience majeure de la difficulté d’écrire de nouvelles histoires d’Amour. Alors on a fait des choix et on a posé ce qu’on pouvait pour cette histoire en se disant qu’il y a avait tant à faire pour déconstruire l’Amour.

To Conclude ce grand bordel

La possibilité d’une nouvelle ère s’ouvre à nous. Une ère qui privilégie l’amour pour créer un monde magique. Une ère où on respire à plein poumons et où nos potentiels sont activés par une multitude d’amours.

J’espère que vous sentez les frissons. J’espère que votre cœur bat un peu en lisant ça. Et j’espère que vous vous dites “Allez, oui, vivons vivant.e.s, allons aimer.”

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Fausse Fin : Cordialement Best Regards

Le dernier épisode (que tu peux voir ici) n’était pas non plus complètement décorrelé puisque j’y parlais de l’importance du Storytelling pour changer le monde avec dans l’ordre d’apparition:

1. Le livre merveilleux d’Alice Zeniter ⁸: “Je suis une fille sans histoire”

2. L’article moins joyeux mais néanmoins important du NY Times : “Replacement Theory”, a Racist, Sexist Doctrine, Spreads in Far-Rights Circles”

3. La Série The Handmaid’s Tale ou La Servante Écarlate, tirée du livre éponyme⁹ de Margaret Atwood.

4. Le spectacle de stand-up de Hannah Gadsby Nanette, et tant qu’à faire enchaînez avec son deuxième, Douglas.

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Fausse Fin 2 : Carnet d’Idées

L’atelier pour apprendre à capturer ce que les muses murumurent dans ses carnets et disponible en ligne et en replay.

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Vraie Fin :

On s’écrit ?¹⁰

Nathalie

1. On va tout de suite poser les bases des notes de bas de page en confirmant à la police de l’orthographe que les fotes c’est chiant oui, mais ça ne tue pas. Donc je suis partiellement désolée, partiellement plus tant. Tant est si bien que j’ai calé une note de bas de page avant la première lettre pour dire que vraiment, la gravité c’est relatif. Hérésie était son nom.

2. Pour développer le sujet des muses qui nous parlent je vous invite à écouter le TED Talk d’Elizabeth Gilbert : Your Elusive Creative Genius (il y a des sous-titres en français) parce qu’il est génial, et si vous parlez anglais et que vous avez envie d’en savoir un peu plus sur la façon dont je relationne avec les muses, à lire ce blog post: How to Engage with the Muses

3. Eros (l’amour érotique), Philia (l’amour affectueux), Storgê (l’amour familial), Ludus (l’amour espiègle. What? Nan mais “l’amour espiègle” génial ou bien?), Mania (l’amour obsessionnel), Pragma (l’amour durable), Philautia (l’amour de soi), Agape (l’amour désintéressé).

4. “Parce qu’il faut gagner de l’argent pour payer le loyer et la nourriture.” Gnagnagna. Est-ce qu’on peut trouver plus nul comme occupation de vie ? C’est la déprime mais ça va aller mieux.

5. Je vais pas vous mentir, j’ai trouvé que cette déconstruction était fucking douloureuse et interminable mais j’ai le sens du drama et au bout du tunnel se trouve le champ infini des possibles donc j’ai envie de dire si c’était à refaire, je le referai. (Et c’est ce qui va arriver)

6. Je vous invite à lire “L’Amour à la machine” de Pauline Harmange. (temps de lecture: 3 minutes) C’est doux. Les muses sont passées par là aussi.

7. Marion Séclin, donc, être humain formidable que je vous invite à connaître.

8. Qui m’a rappelée à quel point les notes de bas de page c’est la vie

9. Est-ce qu’on peut utiliser éponyme si ce n’est pas un nom propre ? Je n’irai pas chercher la réponse sur internet mais sachez que je me suis posée la question et que j’ai décidé de prendre le risque de mal utiliser ce mot. Fo-lie.

10. Avec amour