J'ai eu 40 ans la semaine dernière et pour la première fois de ma vie je découvre la sensation vertigineuse d’entrer en terres inconnues alors que je réalise que j’ai atteint un âge qui signifie disparition. Disparition des récits, des futurs, de l’idée de vie.
Cela fait déjà quelques années que je me demande où sont passées les femmes de mon âge. Elles ont disparues dans les espaces clos entre travail et famille, elles flirtent entre burnout et reconversion et se déconstruisent piano piano tout en tentant de ne pas hurler.
Des femmes de plus de 40 ans j’en connais trop peu, j’en fréquente encore moins, elles me manquent.
Je me dis que c’est super de voir et d’entendre toutes ces personnes de moins de 30 ans parler avec brio et fermeté d’expérience de vie qui ont duré six mois. On a toujours aimé les peaux fermes et les débuts d’histoires, les premiers émois, les premières blessures, les premiers jobs, les premières nuits. Moi j’aime bien écouter les jeunes parler de leur jeunesse et les vieux parler de leur jeunesse ou fantasmer des nouvelles jeunesse. Euphoria, euphoria, euphoria.
Mais après du coup, ça se passe comment ?
Le maintien de l’envie de vivre après le huit millième coup dur, on en parle où ? Le désir et la passion dans des corps changeant, c’est sur Netflix ? Le partage d’expériences, de connaissances, de vécues quand on a fait les choses plus qu’une fois et qu’on a pris le temps de s’en distancier, de tirer des leçons, de ne plus être à vif, ça me dirait bien de le lire ce hors-série.
J’ai 40 ans, j’ai fais mille vies et j’en veux mille de plus. Ça passe trop vite et j’écris ça alors que je sais que j’ai choisi, j’ai crée et j’ai eu la chance de pouvoir me construire une vie où je savoure obsessionnellement en ralentissant le temps. Dès que je gagne deux sous, je les dépense pour acheter du temps. Je gagne ma vie quoi.
J’ai 40 ans et plein de choses à vivre et à explorer avant que mes genoux pètent, que les gens que j’aime deviennent malades et moi aussi peut-être.
J’ai 40 ans et j’ai l’impression que notre génération a pour mission d’écrire une nouvelle histoire de ce que ça veut dire d’avoir 40 ans et puis 50 et puis 100. Parce que je n’ai pas d’enfants qui vont quitter le nid ni de mari qui va me quitter pour plus jeune, je n’ai aucun récit à explorer pour comprendre ce qui peut m’attendre. Et j’ai décidé que ça m’allait, de toute façon faut tout rêver et construire alors pourquoi pas commencer avec mon nouvel âge. Aujourd’hui je sais plus, je comprends mieux, je veux joyeux, riche, pluriels, et puis surtout, je veux collectif.
J’ai envie de lire, de voir, d’entendre des récits de mon âge et puis d’entendre parler “les ancien.ne.s” car elles existent celles qui ont continué à vivre malgré le péage au placard, merci aurevoir . J’ai envie de mettre en commun pour construire, pour participer à une protopie qui n’aura pas seulement les traits de la jeunesse mais qui mixera toutes les générations. Qu’on se fasse gagner du temps et qu’on se divertissent ensemble finalement.
Puisque la création du monde passe par la prise de l’espace, je construis mon mycélium en espérant que vous viendrez vous y connecter. En voici les ramifications actuelles :
J’ai décidé de pousser au maximum le concept de circulation. C’est le nouveau nom de cette newsletter et c’est aussi le nom d’une série de vidéos où je mets en avant une histoire qui mérite d’intégrer notre ADN culturel. Le bouche à oreille (synonyme de Circulation) est le facteur différentiel dans la propagation de tout type d’idées. Je fais une vidéo par mois sur un agenda aléatoire en fonction de la vie. Il y en a déjà trois, la quatrième c’est la semaine prochaine.
Je viens de lancer la 2e saison du podcast FAIRE. Chaque épisode, je décortique avec un.e invité.e le processus de fabrication de quelque chose, de la naissance de l’idée, au premier pas, à l’argent, aux obstacles etc. On apprend en faisant et on apprend en écoutant les récits des autres pour gagner du temps. Le premier épisode de la saison 2 ouvre avec Marion Pillas qui a co-fondé la revue La Déferlante. Il y a un épisode tous les 15 jours, cette deuxième saison est un régal pour moi, j’espère qu’elle vous fera le même effet.
Vendredi prochain, si vous êtes à Lille, je serai à l’Affranchie, librairie engagée et précieuse, avec Marion Séclin et Isabelle Sorente, les deux autrices qui ont écrits pour la collection Révélati°°°n que je dirige et pour laquelle j’ai écris le premier ouvrage, et nous aurons la joie de parler avec Soazic Courbet. Mon livre est actuellement en rupture de stock donc si vous voulez une copie, les dernières seront à la librairie.
Le 16 Avril aura lieu le nouvel atelier Carnet d’Idées, en live, de 16h à 18h (puis disponible en replay). Si vous me suivez depuis un moment, vous connaissez ma passion pour collecter puis connecter et transformer les idées en utilisant un carnet. Si vous en avez marre de noter des trucs partout puis de ne rien retrouver, de ne finir aucun carnet et de ne plus trop savoir pourquoi vous en commencez du coup, cet atelier vous donnera un système simple et efficace pour tout rassembler et grandir avec vos idées bien au chaud. Les inscriptions ouvriront la semaine prochaine, je vous enverrai un lien à ce moment là.
En couveuse et pour avant la fin du monde : Amoures Adultes avec l’artiste Chien Fou. Puisqu’on a besoin d’aimer, d’être adultes, de se raconter des histoires et d’en raconter des différentes, on a décidé de faire ça. Pour l’instant je vous partage le compte instagram, bientôt on pourra vous en dire plus, en attendant on prend notre espace.
Je m’arrête là et je vous dis à bientôt, sous une forme ou une autre. C’est le début d’une nouvelle conversation, de nouvelles explorations et de beaucoup de possibles. Ça me plaît.
Et puis si vous avez plus de 35 ans, que vous aimez une personne qui vous aime en retour et que vous aimez vous embrasser, embrassez-vous amoureusement au restaurant, dans un bar, sur un trottoir, ou dans un parc. Montrer qu’on s’aime, physiquement, à tous les âges et joyeusement, c’est aussi prendre de l’espace et raconter une autre histoire.
La révolution peut commencer par un baiser, il paraît.
Nathalie
PS : les moins de 35 embrassez-vous aussi, si les lèvres vous en disent.